Les Abbayes vaudoises

Les Abbayes vaudoises.

Les premières abbayes remontent au Moyen Age et la plus ancienne abbaye connue fut fondée en 1381, Milice bourgeoise de Grandcour, époque de la Maison de Savoie qui gouvernait le pays, ceci jusqu’en 1536, date de l’arrivée des Bernois. On parlait alors de « tir au Pagegai », puisqu’il fallait faire tomber un perroquet coloré fait de bois, de paille et de tissu, fiché au sommet d’une perche d’une cinquantaine de mètres. Ces sociétés, mises en place par les comtes de Savoie, exerçaient alors aussi des fonctions paramilitaires, telles le maintien de l’ordre public et la défense des terres. Ces prestations volontaires et honorifiques, comportaient certains privilèges et avantages, tels que des prix aux meilleurs tireurs et des dispenses d’impôts ou de corvées. Les arquebusiers de chaque localité constituèrent bientôt une association fermée qui s’organisa sur le modèle de sociétés religieuses ou abbayes et dont le président prenait le titre d’abbé et les membres celui de confrères.

Quand le Pays de Vaud passa sous le régime bernois, l’organisation de l’armée ne tarda pas à être complètement transformée de manière à constituer une force cantonale et non plus seulement locale ou seigneuriale.

On doit à l’esprit de conservation des Vaudois pour leurs abbayes qu’elles n’aient pas disparu.

Par bonheur, comme l’avaient été les seigneurs de la Maison de Savoie, les Bernois furent conscients de l’utilité de tels groupements et maintinrent ces associations en les adaptant aux nouvelles habitudes militaires et au perfectionnement des armes, et en créèrent encore des nouvelles, plus petites, afin que, partout, on s’exerçât au tir et se préparât, par une instruction soutenue, à la défense du pays et du régime politique nouveau.

Le Gouvernement bernois su admirablement profiter de l’esprit militaire qui anima de tout temps les Vaudois. C’est ainsi qu’au cours des deux siècles et demi d’occupation, beaucoup d’anciennes abbayes furent réorganisées et un grand nombre d’autres furent fondées.

Contrairement à elle, nos anciens souverains seigneurs de l’illustre et florissante République de Berne, la Révolution vaudoise et spécialement le régime de la République helvétique furent funestes aux abbayes du Pays de Vaud, ce qui paraît étrange aujourd’hui.

Lorsque la loi du 22 octobre 1798 prescrivit que toutes les communautés, corporations, etc. devaient prêter à la nation le cinq pour cent de leur fortune, beaucoup d’abbayes pensèrent qu’on finirait par leur prendre tout ce qu’elles possédaient. Après avoir versé cette contribution, elles décidèrent de partager entre leurs membres le solde de leur avoir. C’est ainsi qu’en 1799, en l’espace de deux jours, on vit disparaître les deux associations de tireurs de Romainmôtier. Celles qui étaient au bénéfice d’un privilège de l’ancien gouvernement n’avaient plus de raison d’exister; elles disparurent avec le tir du Papegay.

D’autres abbayes montrèrent plus de confiance. Elles manifestèrent celle-ci par des dons patriotiques et continuèrent leurs exercices dans la mesure où cela leur fut permis par les événements de cette époque agitée.

Le temps arrangea bien les choses. A l’initiative de M. Charles Jan, alors président de la Société vaudoise des carabiniers, est née, le 15 mars 1942, la Fédération des Abbayes vaudoises qui compte, en 1989, 185 abbayes.